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Automne 2022

Bonjour à tous !
Ça y est, l’automne est bien là. Pour moi, la bascule se fait aux Voiles de St-Tropez. Je pars, c’est encore l’été en Bretagne et à mon retour, le tapis de feuilles jaunes est au sol, on allume la cheminée, je passe chez mon fermier prendre les premières courges et surtout, je tente de convaincre mes chevaux de ne pas se faire des ventrées de châtaignes…

Pour la première fois, je n’ai pas couru les voiles de St-Tropez en classique, mais lors de la semaine des modernes. Quelques jours après l’arrivée de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, Alexia Barrier me propose de rejoindre l’équipage 100% féminin qu’elle est en train de constituer pour aller courir le Trophée Jules Verne. Le Jules Verne, c’est la liberté absolue. Galoper autour du globe le plus vite possible, sur le bateau et l’équipage de son choix, sans date de départ car il s’agit d’un record, alors nous partirons quand nous voudrons. Des femmes sur les maxi-multicoques français, il n’y en a pas des masses, pour ainsi dire aucune. Une ou deux embarquent cette année, notamment sur Actual, mais sur les autres… Je crois que j’étais la dernière, ça remonte à Géronimo, il y a 18 ans… Là aussi, il est temps d’écrire de nouveaux récits.

Alexia est en train d’acquérir le MOD 70 Mana, avec lequel elle vient de remporter la Middle Sea Race. Ce bateau servira de plateforme d’entrainement avant de passer en Ultim. Retenez bien ce nom : The Famous Project, vu la qualité des femmes à bord, vous allez pas mal en entendre parler… !

Pen-Duick VI se porte comme un charme, le presque quinquagénaire profite d’être au chaud dans un chantier de Lorient pour se refaire une beauté. Le bateau a été sablé, les enduits ont commencé, et en novembre, le bateau sera en peinture. Pas de suspense, on repart sur du noir. Mais que ça va être bon de le voir avec une nouvelle laque toute brillante ! Les enduits représentent un travail important. À force de taper dans les vagues, la tôle se déforme et nous voyons toutes les membrures, un peu comme si vous pouviez voir les côtes du bateau. Nous allons donc retravailler sur les formes, faire une carène la plus lisse possible. Le temps du chantier est très court, nous ne pourrons peut-être pas reprendre entièrement les formes, car cela nécessite énormément de ponçage et de main d’œuvre mais l’équipe va tout donner pour avoir le bateau le plus clean possible !
Nous avons aussi perdu un peu de temps car le bateau a son âge, et l’aluminium aussi. Des chancres apparaissent, alors il faut découper la tôle, ressouder une plaque et refaire un enduit. Rien d’anormal, mais ça prend du temps.

L’hélice est également un dossier. Pour l’instant, celle-ci est fixe et provoque un maximum de trainée. Un vrai frein à main. Alors nous espérons pouvoir installer une hélice qui va se mettre soit en drapeau, soit dans l’axe du bateau, et ainsi réduire considérablement la trainée et augmenter la vitesse. Problème : avec une transmission hydraulique (le moteur étant à l’avant), ce n’est pas simple à installer sans que cela tire sur l’arbre. Entre l’hélice et la carène, on va en faire un avion de chasse de ce bateau ! Restera plus qu’à orienter le mat, basculer la quille, pardon je m’emporte. Ça, c’est le bateau encore après.

À l’intérieur du bateau, il y a aussi un chantier en cours. De nombreux postes sont à fiabiliser, le groupe, le dessalinisateur, la cuisine pour la rendre plus fonctionnelle, les selleries, voir ce que l’on peut faire maintenant, et ce qui peut attendre notre retour fin mars. L’éternelle formule : ce qui est important, et ce qui est urgent. L’idée est de faire le chantier en deux fois : installer maintenant, essayer en mer, valider ou modifier au printemps prochain.

L’équipe des Volon’Terre est désormais constituée, ils sont 18, huit femmes et dix hommes, avec une moyenne d’âge d’environ 27 ans. Entre 14 et 17 d’entre eux navigueront sur le tour, mais je ne sais pas encore lesquel(le)s. Certains sont déjà très à l’aise, mais d’autres avaient besoin de plus de temps de navigation pour révéler leur plein potentiel, et aussi de plus de temps avec le groupe pour s’autoriser à exister pleinement. Alors les navigations hivernales leurs donneront ce temps. Grâce à eux, nous avons maintenant deux infirmiers à bord et deux cuisinières, qui alterneront à chaque étape.

Et comment se sont passés les Elemen’Terre Games ?! Ha ça, je vais le garder pour nous. Mais ce fut beau. Forcément, des larmes, il y en a eu, de joie et bien sûr, de déception, mais je retiendrai les barres de rire, la facilité avec laquelle tous se rencontrent, la joie qu’ils ont eu de se revoir, la coopération pendant les épreuves, leur créativité et débrouillardise. Un énorme merci à Sylvie de nous avoir si bien régalés lors du dîner, un immense merci à Hénaff et leur fidélité et grâce à qui le buffet campagnard fut enjoué.

Au total, entre les marins pro, les Volon’Terres et l’équipe à terre, le projet compte maintenant plus de 30 personnes… Une vraie PME !

Chaque Volon’Terre a son projet Elemen’Terre autour de « l’Héritage : de quel monde avons-nous hérité, quelle planète allons-nous léguer ? » et c’est Paul, l’un des candidats aux sélections qui va se charger d’être leur référent, afin de les aider à construire, faire éclore leur projet et pourquoi pas en réunir certains s’ils vont dans la même direction. Ce projet est long, patience, work in progress…

En revanche, ce qui a bien commencé, c’est Elemen’Terre Legacy : ça y est, nous avons réuni suffisamment de fond pour lancer les 6 premières classes pilotes dans les écoles !

Dans 6 classes de Bretagne et Normandie, les enfants et adolescents vont étudier une des trois thématiques choisies (Biodiversité, protection du littoral et les activités économiques low tech) tout au long de l’année scolaire. Pour la Biodiversité et la protection du littoral, ils vont dresser des inventaires et des diagnostiques des Aires Marines ou Terrestre Éducatives, proposeront un plan d’action aux partenaires locaux, mettront en place une feuille de route, capitaliseront et communiqueront pour une passation. Concernant le low tech, ils définiront une thématique liée à une problématique locale, puis proposeront un plan d’actions construit avec des acteurs économiques sous la forme d’une low tech ou d’une enquête sur les solutions locales.

Pour l’instant, nous subventionnons 6 classes, nous espérons pouvoir en aider de nombreuses autres à la rentrée 2023 !

Dès les premiers rapports des professeurs, nous les reporterons sur le site elementerre.earth. Ce site est bas Carbone, c’est-à-dire que nous essayons de le rendre le plus neutre possible, (pas une mince affaire !) mais nous voulons essayer, et un capteur en bas de chaque page vous donne le poids carbone de la page. Il recevra encore de nombreuses améliorations en début d’année prochaine.

Prochaine étape : Nous remettons le bateau à l’eau vers le 12 décembre, puis nous serons en stand-by pour rejoindre le port de Lanzarote dès le 20 décembre… Ça sent le Noël en mer, alors entre deux déplacements à Paris, je profite de ma cheminée et des feuilles jaunes, j’adore l’automne et l’hiver en Bretagne… Ensuite, ce sera Lanzarote, Grenade, Martinique, Antigua… Newport !

A très vite pour de nouvelles aventures !
Marie