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En route pour l’écosse

Chers tous,


Ça y est, enfin ! Je vous écris de ma table à carte, de nouveau gîtée à 35 ou 40 degrés.Heureusement que cette table est sur cardan, ce qui me permet de travailler « presque » à plat, mais pour vous donner une idée, d’un bord le bois de la table se cogne contre l’ordinateur du bord, de l’autre mes pieds pendent dans le vide, et si chute il y a, c’est d’un bon 3 mètres. Nous reprenons notre vie de marins, à vivre dans des positions pas possible, penchés, où tout tombe tout le temps, où tout est une mission.La semaine dernière a donc été la première navigation du bateau, la première course, et aussi le premier groupe de marins volontaires à être testé.


Encore une fois, un bonheur de réarmer le bateau, de remettre la ficelle sur le pont, les voiles sur les baumes, et surtout d’accueillir pour une nouvelle saison mes marins professionnels, hommes que j’apprécie profondément, qui partent avec nous sur L’Ocean Globe Race, et dont l’avis m’est précieux pour constituer cet équipage « TourDuMondiste ».

Fons étant Hollandais et Will Anglais, la langue du bord est officiellement le FranGlais, voire l’anglais mais surtout, ce sont deux passionnés de beaux bateaux, de bateaux performants mais avec du charme. Vous me connaissez, faire avancer bien un beau bateau est ce que je recherche, alors quand en plus on peut partager ça avec des hommes comme eux…D’année en année, mon expérience de marin et de capitaine grandit, la confiance commence à s’installer, et surtout nous sentons une belle harmonie entre nous trois.Un détail qui a aussi eu son importance : cette saison, Vokkero®, spécialiste des systèmes de radio communication, nous a offert 3 micro-casques, ce qui, à bord, change tout.Pen-Duick VI est un grand bateau de 22m avec un moteur placé à l’avant, le long arbre d’hélice est très bruyant, ce qui rend la communication lors des manœuvres de port très compliquée. Même en faisant attention, il est difficile de parler fort sans crier et sans générer du stress.Fons est maintenant dans mon oreille, et nous pouvons échanger très calmement en permanence, du port à la ligne de départ, mais aussi dans les manœuvres un peu chaudes dans un vent soutenu.Il est très important de faire attention au niveau sonore d’un bateau, alors un grand merci à Vokkero® qui, en m’apportant de la sérénité, nous apporte aussi de la sécurité.

Le premier groupe de bénévoles a donc couru l’Armen Race, avec seulement 3 jours d’entraînement dans les jambes. La météo a été avec nous, nous avons eu la chance de commencer dans du vent léger pour que tout le monde découvre le bateau en mode « sympa », un deuxième jour avec un peu plus de vent et un troisième avec vraiment de l’air pour que Pen-Duick VI donne une petite pichenette derrière la tête de ceux qui avaient pris confiance un peu trop vite et qui trouvaient le bateau « pas si terrible que ça ».À la tactique, c’est Karine Fauconnier qui est venu nous offrir ses précieux conseils. Nous n’avions pas navigué ensemble depuis qu’elle était venue m’entraîner en Figaro II (dans une autre vie !) alors j’étais très heureuse de l’accueillir à bord.

Trois jours, c’est peu pour prendre en main un maxi, alors nous avons tenté de décomposer un maximum le plan de pont et de faire tourner les postes afin de rendre l’équipage le plus à l’aise possible. Mais au-delà de l’aspect technique, je crois que nous avons tous été surpris par l’énergie du groupe, la bienveillance, et la formidable entente entre tous. Ils savent tous que tous ne partiront pas autour du monde, mais ils étaient tous heureux d’être là, conscients de la chance qu’ils avaient provoqué, appréciant les rencontres et échanges.Pen-Duick VI a navigué proprement, l’équipage a passé toutes les manœuvres, du Yankee 1 aux empannages sous spi, et Karine nous a fait prendre une belle trajectoire.On ne va pas parler du classement hein… Avec notre rating de super tanker, il fallait que nous arrivions 9 heures avant le premier pour sauver une place… sur un parcours de 48 heures. Alors on se console en se disant que 20ème en temps réel sur 107 bateaux, c’est pas mal, surtout pour une manche dans du vent léger, avec un bateau de 34 tonnes et 49 ans, et un équipage qui connait à peine le bateau.Nous avons vécu avec 8 personnes aux qualités et compétences bien différentes, et pendant toute la semaine, Will, Fons et moi n’avons pas arrêté de nous dire que si tous les groupes étaient aussi bons, le choix en fin d’été allait être abominable.

Et vous savez quoi ? Le deuxième groupe est à bord, et… on redoute encore un peu plus la fin d’été !
Nous sommes en ce moment en route pour l’Ecosse, avec le 2eme groupe de marins volontaires pour l’Ocean Globe Race. Un groupe beaucoup plus jeune (22-24 ans) mais très talentueux, impressionnants de maturité et d’expérience.
Suite au prochain épisode, maintenant place à la Fife Regatta avant de convoyer le bateau pour l’Irlande, je crois qu’ils ne réalisent pas encore ce qui les attend…

Marie / Pen-Duick VI

N 52°14 404
W 5° 10 478