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Message du bord #13

N 38° 12 498

W 27° 35 127

Après 8 jours de mer, nous sommes arrivés à Ponta Delgada sur l’île de Sao Miguel.

Le reste du convoyage s’est bien passé, pas de casse matériel à part une manille sur une bastaque, le bateau est au top, et surtout hyper content d’avoir de l’eau chaude autour de la quille. À bientôt 50 ans, on a le droit d’avoir ses petits plaisirs !

Théo et moi étions de quart avec Ps1. Ps1 est donc Jean-Jacques Favier, le spatioanute qui est à bord en ce moment. Ps1 = paylod specialist 1 (expérimentateur scientifique n°1) STS le nom de la navette et 78 pour le 78ème vol de la navette Colombia.

D’une façon générale, nous avons eu une bonne météo, souvent un peu humide et nuageuse mais un vent qui nous permettait d’avancer sous Yankee 1 et trinquette légère, les plus grandes voiles d’avant de Pen-Duick VI, et donc de maintenir une belle vitesse.

Et puis il y avait des quarts, un peu hors du temps…

Les quarts de nuits génèrent une ambiance un peu particulière à bord, surtout quand le bateau glisse tout seul. On devine les autres qui dorment à l’intérieur, on ne s’éclaire qu’en lumière rouge, une atmosphère très intimiste règne, propice aux confidences et conversations.

Il y a un quart qui m’a vraiment marqué, de minuit à 3h du matin.

Pour reprendre mon expression de petite fille, le ciel était « constipé d’étoiles », uniquement d’étoiles, sans lune. La voie lactée etait très distincte, nous étions sous une pluie d’étoiles filantes et le plancton phosphorescent illuminait notre sillage.

Pen-Duick VI filait à 8,5knt, à 145° du vent réel dans 15knt de vent… Il ne manquait que les dauphins, jamais là quand on a besoin d’eux !

Pendant ce quart, je suis restée 3 heures à la barre pendant que Théo conversait avec Jean-Jaques.

Entendre parler un spationaute et surtout le voir encore tout emerveillé devant ce ciel sans aucune pollution lumineuse, ça n’a pas de prix.

Bien sur nous n’avons pas d’images, en revanche nous allons vous proposer cette année des podcasts, ainsi vous pourrez écouter ces conversations, pour la plupart en intégralité.

Le même genre de long format d’interview sera aussi disponible en vidéo, notament sur les portaits.

Dans une ère où l’on nous assure que le spectateur ne veut que du format court sur internet, nous voulons au contraire proposer du format court de quelques minutes ainsi que du format long (30, 45 minutes) audio et vidéo, afin de permettre aux idées de faire leur chemin, et aux invités de bien développer leur propos.

Nous refusons de croire que les internautes ne veulent plus prendre le temps de s’informer et que seul marchent le buzz ou autre article « putaclic ».

Pour se forger une opinion, il faut entendre la complexité d’une pensée. Elemen’Terre est un projet indépendant, ce qui nous donne la possibilité d’aller à contre-courant et de sortir des formats originaux, non conventionnels, pour bien s’adapter aux invités et retranscrire sans limite de temps ce qu’ils veulent transmettre.

Nous faisions route sur Horta quand j’ai pris la décisioin en milieu de nuit de changer de route et de mettre le cap sur Sãö Miguel. Nous devions rencontrer à Horta le parapentiste Tom de Dorlodot. Tom vit actuellement avec sa petite famille sur leur bateau et alterne entre grand projet parapente et tour du monde à la voile. Qui dit bateau dit fenêtre météo, et la sienne pour descendre aux Canaries vient de se décaler, alors nous nous adaptons, et changeons notre route pour arriver dans la nuit à Ponta Delgada afin de le rejoindre.

Grâce à ce changement de plan, nous avons pu passer la journée avec Tom, son interview est dans la boîte, le temps pour Yohann Grignou (« le jeune » est de retour à bord !) de la traiter et nous vous en ferons profiter.

Et la petite « cherry on ze cake », alors que la météo était bouchée, humide voir pluvieuse, juste après l’interview, le vent est monté juste ce qu’il faut, le ciel s’est ouvert, et nous avons pu nous rendre au décollage et offrir à Jean-Jacques Favier son premier vol en parapente !

« J’ai fait de la chute libre pour ma préparation avec la NASA, je suis allé dans l’espace, mais je n’ai jamais volé, vraiment volé. Quel silence ! C’est extraordinaire… et puis le parapente est un mode de locomotion simple et respectueux de l’environnement. Tel l’oiseau, par bio mimétisme, on arrive à partiellement se jouer de la gravité en remontant les ascendances. Il procure des sensations de liberté et de plenitude »

Il faut savoir que PS1 est connecté avec les Dieux. Je ne compte plus les fois où je suis à la barre dans 7 ou 8knt de vent oscillant, à chercher comment faire avancer le bateau dans ce ciel couvert et quand PS1 prend la barre, PAF ! 11/ 12 knt de vent établi, le bateau prend sa gîte naturelle, le ciel se dégage et Jean-Jacques se marre avec un grand sourire… Connecté avec les Dieux je vous dis !

Le soir même, nous avons appareillé en même temps que Tom et sa famille, tiré un bord ensemble sous voiles et tout heureux d’avoir vécu une belle rencontre, nos chemins ce sont séparés, lui faisant route pour les Canaries, nous pour rejoindre Horta, sur l’île de Faial.

Nous sommes arrivés hier en début de soirée, et nous rencontrons aujourd’hui Fred Buyle. En fonction de la météo nous pourrons établir le programme de la semaine, mais elle promet d’être encore riche en reflexion.

Bonne nuit et bon quart à tous,

Marie