22/07/2018
60°08 31 Nord
45° 14 36 Ouest
Bonjour à tous,
Suite à notre épisode dépressionnaire, nous sommes restés 5 jours dans une purée de pois. Pourtant, le brouillard, en Bretagne on connaît, mais ici, c’est un autre niveau ! 5 jours à ne pas voir à plus de 50 ou 100m, radar allumé. À ne pas savoir quelle heure il est, toujours avec la même lumière, complètement désorientés…
Et surtout, une humidité folle… Tout le bateau est trempé. En fait, il pleut à l’intérieur du bateau ! Nos vêtements, duvets, chaussettes, tout y passe. Résultat, entre la fatigue accumulée et l’humidité, le froid devient de plus en plus cinglant et les quart à la barre, de plus en plus long. Note pour plus tard, penser à trouver de vrais bons gants ÉTANCHES ! Nous n’avons pas de pilote automatique à bord, et les mains ont bien souffert…
Nous faisons route sur Nanortalik, le Cap Farvel est sur notre tribord, nous l’avons contourné grâce à notre route Sud. Ce cap est moins connu que le Cap Horn car les navires de commerce ne passaient pas par ces hautes latitudes mais il est tout aussi redoutable. Nombreuses sont les épaves gisant à son pied. Les vents de Nord-Est descendent le long de la côte Est et se renforcent à la pointe sud du Groenland. Les courants sont aussi bien présents et vous saupoudrez le tout d’un peu de glace : un endroit accueillant donc !
Jeudi, la carte des glaces nous indique que le premier iceberg n’est pas loin. Nous affalons la grand voile afin de réduire l’allure. Le danger ici ne vient pas des icebergs, mais de growlers, de petit morceaux de glace qui se détachent des icebergs et qui eux ne sont pas repérables par le radar. Petits, mais ils font déjà 2 fois la taille de votre voiture…
Et vendredi, enfin, comme dans un mirage, au-dessus de la brume et au-dessous des nuages, nous apercevons les premiers sommets du Groenland : l’entrée du Fjord Tasermiut et ses big walls, des parois verticales de plus de 1000 m de haut… Dans le champ de vision, quelques icebergs aussi, de taille raisonnable. Si je vous dis que nous avons en plus eu le souffle d’une baleine, vous me croyez toujours ou pas…?
Nous sommes donc depuis vendredi soir à Nanortalik. Il fait grand beau, pas chaud mais presque, nous pouvons enfin nous dégourdir les jambes. L’équipage se repose un peu, mais nous nous affairons surtout à remettre le bateau en ordre et en état pour repartir dès mardi ou mercredi. Un autre bateau artiste est ici, nos amis de Djélali. À l’heure où j’écris ces quelques lignes, les deux équipages se sont retrouvés autour de la création d’un petit spectacle, tendant des highlines entre les mâts du VI et de Djélali, trapèze, tissu, musique aérienne… De quoi provoquer la curiosité de nos hôtes groenlandais que nous découvrons au fil des jours !
Le VI rigole, et ça fait du bien.
Pas de quart, mais bonne nuit quand même !
Marie.