28/07/2018
N 60 22 320
O 45 16 515
Au mouillage dans une grande baie remplie de glaçons…
Nous sommes restés quelques jours à Nanortalik, le temps de ranger et de réparer 2-3 bricoles à bord du bateau avant de repartir mercredi matin. Nous commencons à toucher du doigt ce pourquoi nous avons créé Elemen’Terre, toute idée a besoin de temps pour se mettre en place. J’aime aussi prendre le temps et laisser la vie faire son travail, exactement ce que le voyage en bateau apporte. Alors comme dans le travail avec un cheval, nous avons proposé, suggéré, et laissé faire.
En accord avec nos amis de Djélali, nos funambules, aidés de l’équipage, ont installé des higlines entre le mât d’artimont du VI et le grand mât de Djélali, des slacks au sol pour les enfants, et en quelques instants, un personnage complètement improbable jouant de la contrebasse dans les airs faisait la cour à une sirène verte jouant de l’accordéon elle aussi à 5m de hauteur, tandis que Dan enchaînait les figures sur sa sangle, accompagné de son violon. En quelques instants, le môle était plein, rempli d’enfants testant leur équilibre sur les slacks ou apprenant à jongler, les parents rigolant avec nous, et essayant de communiquer dans un anglais plus ou moins maitrisé. L’art et le sport sont probablement les meilleurs moyens d’aller à la rencontre des gens. Nanortalik, 1550 habitants : un terrain de football tout neuf synthétique !! Champions du monde ? Ben pas au Groenland ! France 12 – Groenland 17, sachant qu’ils jouent en chaussettes et que c’était les gamins de 14 ans sur le terrain en mode détente. Sur la dizaine d’adolescents, seuls 1 ou 2 bafouillaient quelques mots d’anglais, et pourtant ça ne nous a pas empeché de nous comprendre, et de partager rires et sourires. Quand nous sommes partis, les « grands » ont commencé leur entrainement. Sachez le, ils jouent bien. Mais bien, bien !
Nous retournerons à Nanortalik dans quelques jours, ce sera notre base dans ce secteur. Pen-Duick VI peut y refaire de l’eau et du gasoil, nous quelques vivres. Ce sera aussi l’occasion pour nous d’aller un peu plus loin dans la compréhension de ce peuple, tellement avenant, chaleureux et accueillant, et aussi faire un point sur la gestion des déchets. La décharge a peut-être l’une des plus belles vues du monde, sur la mer avec les icebers et les montagnes, mais ça reste une décharge à ciel ouvert, où les oiseaux viennent se servir… Les côtes sont infestées de plastique, aucune éducation n’est faite, jeter son megot à la mer, une banalité.
Depuis le départ, j’ai demandé à mon équipage de ne rejeter aucun microplastique. Je n’ai pas pu remplacer mon moteur, (il perdait 30% de performance, inenvisageable pour un bateau de cette taille) et j’espère trouver une solution l’hiver prochain pour le générateur.
Ma super boutique L’œil de biche à Pont l’Abbé m’a trouvé tout un tas de partenariats avec des marques minérales. Je peux donc fournir à chacun du savon corporel artisanal Route Mandarine, du shampoing et des dentifrices solides 100% naturel Lamazuna, (dentifrice que nous fabriquons aussi nous même à base d’argile blanche) et des crèmes solaires EQ Love faites pour les surfeurs, respectueux de l’océan. Pour les produits d’entretien, vaisselle et lessives : différents mélanges à base de vinaigre, bicarbonate, savon noir ou savon de Marseille. Alors même en ayant enlevé un maximum d’emballage lors de notre départ, ou acheté en vrac, forcément nous avons quelques poubelles stoquées derrière une cloison étanche, qui vont probabement attendre l’Islande. Impossible pour nous de les laisser sur place, sachant comment elles allaient finir. Alors à notre prochain passage, nous aimerions mener une petite action de sensibilisation, qui ne va pas changer la face du monde mais peut-être faire germer une graine d’éducation… Suggérer et laisser faire…
Pen-Duick VI a appareillé mercredi matin en direction de Narsarsuaq où nous récupèrerons notre premier ambassadeur, le peintre Jacques Godin. Sur la route, nous en profitons pour nous arrêter dans une baie, où la montagne nous offre une jolie faille à exploiter. Thibault et Coline ont ouvert 4 voies d’escalade, tandis que Dan, Nico et Théo ont installé une slack de 15m au sol, une highline de 20m et une de 60m afin d’initier les marins au vide. Leurs réactions bientôt en vidéo.
Et enfin, nous faisons la connaissance de l’animal emblématique du coin. Non, pas l’ours non… Pas la baleine non plus… Le moustique ! Moi qui pensais que la Mecque du moustique était en Camargue, ici, ils font la taille d’un oiseau et nous entourent par milliers. Nous sommes au Groenland, nous avons donc baptisé le moustique Jules Edouard… Bref… Heureusement ils ne piquent pas très fort, mais nous ne pouvons rester à terre qu’en portant une moustiquaire intégrale sur la tête… Ne dites rien à mes chevaux, ils portent la même chose et certainement bien mieux que nous, ils se paieraient notre tête…!
Bonne nuit et bon quart à tous,
Marie